Pollution au solvant cancérigène dans le Vaucluse

Après plusieurs renvois devant le tribunal correctionnel d’Avignon, la société SOTRAMO PAROLA sera jugée le jeudi 16 mai 2024 à 8h30.

Une substance interdite depuis plus de 30 ans

La Direction départementale des territoires (DDT) et l’Agence Régionale de Santé (ARS) entreprennent une campagne de prélèvements : 14 forages sont pollués dont 6 pour lesquels l’eau sera interdite à la consommation. En tout, 5 campagnes de prélèvements sont effectuées pour découvrir la source de pollution. Les analyses mettent en évidence une pollution à caractère ancien et récent. Il ressort du dossier que l’apport en tétrachloroéthylène a été continu, jusqu’en 2017.

Cette pollution a des effets sur la qualité de l’eau qui est désormais contaminée et sur la santé publique. De plus, les vaches de la laiterie voisine ont bu pendant des années cette eau polluée. L’accès à l’eau a été restreint. En effet, en 2017 le préfet a exigé que les personnes disposant d’un puits ou d’un forage dans cette zone ne puissent plus l’utiliser, ni pour les usages sanitaires (boisson, hygiène corporelle…), ni pour l’arrosage des jardins potagers, ni même pour tout usage de l’eau favorisant la mise à l’air de ce produit dans un espace confiné. Pourtant, l’eau est une ressource limitée dans le département qui connait notamment de fortes sécheresses s’accélérant avec le changement climatique.

Cette substance, interdite dans les traitements de procédés organiques depuis 1989, est dangereuse pour l’environnement et la santé publique : plusieurs études ont montré ses effets cancérogènes sur divers organes de l’Homme et des discussions sont en cours quant à son effet sur la reproduction. Elle s’absorbe dans les sols, elle peut traverser le béton, elle est mobile et gagne facilement les eaux souterraines.

La société SOTROMA mise en cause

Les prélèvements et l’enquête ont permis à la Direction départementale des territoires (DDT) d’établir le site de l’usine SOTRAMO PAROLA, société d’élimination et de recyclage de carcasses de déchets d’animaux à Pertuis, comme étant à l’origine de cette pollution des eaux. Cette société d’équarrissage relevait des installations classées pour l’environnement (ICPE), réglementation édictée pour prévenir les risques industriels ou technologiques. Il ressort de l’enquête que, dans cette usine, le produit était encore utilisé jusqu’en 2017. Cette pollution, en 2016, avait rendu l’eau de la nappe phréatique impropre à tous usages. 

Les associations France Nature Environnement Vaucluse et France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur ont décidé de se constituer partie civile. L’association Lubéron Nature soutient cette action.

Nos associations dénoncent la négligence de la société SOTRAMO PAROLA n’ayant pas respecté les nombreux rappels à l’ordre, ce qui a conduit à cette pollution importante. La pollution est toujours présente à ce jour, elle va demander de nombreux chantiers et le coût de remise en état est estimé entre 15 et 20 millions d’euros.

Les manquements d’une part à la réglementation ICPE et d’autre part le fait d’avoir déversé une nuisance nuisible dans les eaux souterraines doivent être condamnés car ils portent directement atteinte à l’environnement. La société SOTRAMO PAROLA est d’ores et déjà contrainte à la suspension de ses activités. 

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