Scrubbers : une pollution à suivre de très près

Les « scrubbers », ou « épurateurs » en français, sont des dispositifs filtrants installés sur les cheminées des navires afin de réduire leurs émissions de gaz toxiques, notamment de soufre, dans l’atmosphère. Mais si ces émissions ne se font plus dans l’air, elles se font désormais directement dans le milieu marin, à tel point que la France a dû adapter sa législation et interdire à compter du 1er janvier 2022 les rejets des boues issues de l’utilisation des scrubbers contenant le soufre capté par ces derniers, dans les zones littorales et les enceintes portuaires. Une information qui, semble-t-il, n’est pas encore parvenue auprès de tous, et le commandant d’un navire battant pavillon maltais pourrait bien en faire les frais à l’audience du 6 novembre 2023 devant le tribunal judiciaire de Marseille.

Notre engagement pour la protection des milieux marins 

Le 23 mars dernier, le centre de sécurité des navires a effectué un contrôle du soufre émis par le navire SeaForce, en provenance du Canal de Suez après avoir effectué deux escales en Australie et à Singapour. Il est ressorti que le navire avait utilisé un scrubber en boucle ouverte dans la zone des trois nautiques de la terre et dans l’enceinte portuaire c’est-à-dire en rejetant directement les eaux de captation de soufre dans cette zone, ce qui est strictement prohibé.

Prévenu du chef de pollution de la mer territoriale, le commandant du navire, malgré 23 ans d’ancienneté, a indiqué ne pas maitriser correctement le fonctionnement du scrubber, ignorant ainsi la quantité des émissions rejetées dans la mer.

Conformément à ses missions statutaires, l’association France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte-d’Azur se constitue partie civile en raison des dommages créés sur la flore ou la faune, les effluents rejetés contribuant à l’acidité des eaux et à la dégradation de l’habitat sous-marin.

INVITATION PRESSE

La vigilance des associations au cœur des poursuites

Au cours des dix dernières années, afin de répondre aux objectifs internationaux fixés pour limiter les émissions dans les airs, les scrubbers sont apparus comme un dispositif de substitution et se sont ainsi multipliés à bord des navires. S’ils contribuent effectivement à réduire de 95% ces émissions aériennes, cela n’est pas sans conséquences pour le milieu marin puisque l’eau, qui sert à laver ces filtres et le soufre qu’ils contiennent, est directement rejetée en mer.

Cette pollution plus discrète apparait certes moins stigmatisante mais n’emporte pour autant pas moins de répercussions sur notre environnement, et c’est le milieu marin qui en fait les frais. France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur renforce ainsi sa vigilance et s’associe aux autres partenaires associatifs dont les actions tendent à la préservation du milieu marin.