Un pêcheur professionnel condamné pour des activités de pêche illégale

Ce lundi 30 janvier 2023, le tribunal correctionnel de Toulon a rendu un jugement ferme contre un pêcheur professionnel récidiviste en matière de pêche illégale. Le Tribunal a tenu compte du fait qu’une sanction administrative avait déjà été prise contre le professionnel.

Une réglementation nécessaire

Au cours du mois de juillet 2021, un pêcheur professionnel et son matelot avaient été surpris en flagrant délit de débarquement illégal de poisson. La pêche était bonne : environ 1253 kg de poisson au total, comptant 29 thons rouges, 7 Espadons et 1 Saumon des Dieux. Lors de l’interpellation des prévenus, aux alentours de 4h du matin, les autorités maritimes avaient constaté qu’ils s’étaient délibérément affranchis des obligations qui encadrent leur activité de pêche professionnelle.

En effet, la réglementation européenne et nationale prévoit des règles strictes en matière de pêche maritime afin de protéger certaines espèces vulnérables. C’est le cas du thon rouge et de l’espadon qui font aujourd’hui l’objet d’un contrôle renforcé, et pour lesquels des quotas de pêche ont été fixés face à la diminution des populations. Leur capture doit se faire dans un cadre strict, avec une obligation de notification préalable au centre national de surveillance des pêches (CNSP). Le débarquement de ces espèces n’est autorisé que dans certains ports, à certains horaires, et un marquage des poissons doit être effectué afin d’assurer leur traçabilité.

Aucune de ces pratiques n’avaient été mises en œuvre par les prévenus qui ont été interpellés. Leur comportement semblait même relever d’une habitude l’un des pêcheurs admettant se « tromper régulièrement dans le comptage des poissons ».

La surpêche, véritable fléau des océans

La communauté scientifique alerte depuis de nombreuses années sur le déclin alarmant des espèces de poissons, notamment au nord de la méditerranée. Aujourd’hui, plus de la moitié des espèces de poissons marins sont affectées directement ou indirectement par les activités de pêche.

Le thon rouge et l’espadon sont particulièrement touchés, et figurent tout deux sur les listes rouges mondiale et européenne des espèces menacées. Ces espèces sont pourtant essentielles à la bonne santé des milieux marins. Placés tout en haut de la chaîne alimentaire, ces « superprédateurs » occupent une place fondamentale et contribuent à la stabilité des écosystèmes marins. Depuis 2007, le thon rouge fait l’objet d’un plan de reconstitution adopté par la CICTA (commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique), qui a notamment permis de fixer des quotas annuels de pêche. Cependant, la forte valeur marchande de l’espèce l’expose à une surpêche compromettant largement sa capacité de reproduction. Ainsi, bien que les quotas aient permis une certaine stabilisation, le thon rouge reste une espèce fragile et menacée. La pêche de l’espadon et du saumon des dieux est également encadrée afin de limiter les pressions sur ces espèces.  

Les pêcheurs professionnels, mais également les pêcheurs de loisirs, doivent prendre conscience qu’ils jouent un rôle essentiel pour l’avenir des ressources halieutiques et des écosystèmes marins en général.