Risques industriels : discussions et tables rondes à Gardanne

Le 17 octobre dernier se tenait à Gardanne une soirée-tables rondes à l’école des mines de Saint Etienne Charpak de Gardanne, intitulée «Des industries et des hommes, la résilience des habitants de Gardanne». Elle s’inscrivait dans le cadre de la journée nationale « Tous résilients face aux risques - S’informer, réagir, se protéger » dont le but est de faire connaître les bons réflexes face aux risques naturels et technologiques.

Panorama des industries du Bassin Minier de Provence (BMP)

• Altéo : production d’alumines de spécialités
• GazelIndustrie : centrale biomasse
• MP Industries : recyclage de matières plastiques
• Durance granulats :  carrière calcaire, production de gravier et sable
• Durance granulats :  centre de traitement des déchets de déconstruction du BTP
• ISDND de Malespine : enfouissement de 50 kt d’ordures ménagères résiduelles par an

Table-ronde n°1 : Citoyen.nes face au risque

Animée par Eric Pourtain (CYPRES) et Michel Ducossu (SPIS 13)

L’accident de l’usine chimique AZF à Toulouse en 2001 rappelle l’importance de renforcer la politique de prévention concernant les risques industriels, qui peuvent avoir des effets très variables sur les populations et l’environnement selon les types d’incident.

Un accident peut entraîner trois types d’effets différents :

• Des effets thermiques engendrés par une explosion ou la combustion de certains produits.
• Des effets toxiques lorsqu’une fuite est constatée.
• Des effets de surpression engendrés par une explosion.

Nous ne pouvons pas prévoir tous les évènements naturels ou accidentels possibles. Et contre certains, nous ne disposons pas des moyens qui permettraient d’éviter les dommages. Le risque zéro n’existe pas.
Ce constat est important à rappeler, car le progrès constant donne une (fausse ?) impression de maîtrise à notre société, et rend par là même de plus en plus insupportable la réalité du risque (sanitaire, accidentel, naturel).

Aucune industrie du BMP n’est classée Sévéso, car le risque d’accident est considéré comme faible.
Pour rappel, lorsqu’une usine est classé Sévéso «seuil haut», une étude de danger (EDD) doit être effectuée et un plan de prévention de risques technologiques (PPRT) mis en place.

De ce fait, pour les industries du BMP, ni plan de d’opération interne (POI), ni plan particulier d’intervention (PPI) ne sont requis.                

• Le POI est un document opérationnel d’aide à la décision qui décrit l’organisation, l’intervention et les moyens disponibles sur un site industriel pour faire face à un sinistre majeur.                                                                                                              
• Le PPI assure la sauvegarde des populations, des biens et la protection de l’environnement lorsque l’accident entraîne ou est susceptible d’entraîner des dangers débordant les limites de l’établissement

Nous avons également abordé la question de la communication auprès des habitant.es en cas d’accident industriel. Il s’agit de l’anticiper en définissant bien en amont :
- quels seront les émetteurs et destinataires de l’information ;
- quels événements nécessitent une information ; 
- le contenu de l’information à transmettre ;
- les modalités (moyens, délais) de transmission de l’information

Table-ronde n°2 : la qualité de l’air à Gardanne

Animée par Dominique Robin (Atmosud) et Alain Collomb (ASEF)

• Etat des lieux de la situation à Gardanne

Pour évaluer la qualité de l’air, les paramètres suivis sont les particules fines (PM10 et PM2,5), les oxydes d’azote (NOx), l’ozone (O3) et le dioxyde de soufre (SO2). Les limites recommandées par l’organisation mondiale de la santé (OMS) sont très ambitieuses et plus de 90 % du territoire ne respectent pas ces valeurs.

Un capteur de particules fines d’Atmosud se trouve en permanence près de la gare et des campagnes ponctuelles de mesures sont effectuées. On peut constater que la qualité de l’air à Gardanne s’est améliorée d’une manière globale. Par exemple les valeurs de PM10 (particule 10 microns) sont passées de 50 µg/Nm3 en moyenne à 25 µg/Nm3, ce qui est la limite haute de la réglementation française.
La limite de l’OMS, elle, est de 10 µg/Nm3.

Il est important de souligner que les industries ne sont pas les seules entités contribuant à la mauvaise qualité de l’air : la mobilité et les feux de cheminées des particuliers participent, entre autres, aussi à la présence de polluants.
À noter : l’air intérieur peut aussi être très pollué si la maison n’est pas aérée.

Un autre paramètre de pollution, qui n’a pas encore de spécification, est étudié par Atmosud : il s’agit des particules ultra fines (PUF). Ces particules inférieures à 100 nanomètres sont très dangereuses vu leur petite taille car elles pénètrent dans les cellules.

• Santé-environnement en France

Quelques chiffres, d’après l’Institut National du Cancer :
- ont été recensés 433 136 nouveaux cas pour l’année 2023 (245 610 chez les hommes et 187 526 pour les femmes)
- les cancers précoces (tranche d’âge entre 14 et 49 ans) observent une incidence de plus de 70%
- on dénombre 27% d’augmentation des décès entre 1990 et 2019.

L’OMS et le British Medical Journal s’inquiètent également de cette importante augmentation des cas.

Les registres des cancers envoient leurs données annuellement à une base commune, appelée base FRANCIM. Pourtant ces registres ne sont pas exhaustifs : on en compte 14 seulement, pour 18 départements. Malgré l’observatoire REVELA 13, nous constatons une grande difficulté à obtenir des chiffres fiables sur le département des Bouches-du-Rhône.

L’oxyde d’azote (NOx) et les particules fines et ultrafines seraient également responsables de près de 37% des affections cardio-vasculaires, passant ainsi devant les affections respiratoires, les affections neuro-dégénératives et les affections métaboliques.

Conclusion

Cette soirée était organisée pour les associations et les habitants du bassin minier de Provence. Les très nombreuses questions, sollicitations et interventions nous ont fait comprendre que ce genre de manifestation s’avérait utile et bénéfique à l’information, la sécurité et la santé des riverains d’industries.